Les attentes des consommateurs changent, la technologie se raffine, le réchauffement climatique s’intensifie, la main-d’œuvre se raréfie : la variété des enjeux soulevés lors de la 8e édition de la Journée de l’assurance de dommages a certainement satisfait les centaines de participants qui ont assisté à cet incontournable rendez-vous annuel de l’industrie.
Une année charnière
Frédéric Pérodeau, surintendant de l’assistance aux clientèles et de l’encadrement de la distribution à l’Autorité des marchés financiers (l’Autorité), a parlé des nombreux changements législatifs et réglementaires qui s’annoncent en 2019. D’abord leur Règlement sur les modes alternatifs de distribution qui devrait être émis avant l’entrée en vigueur, le 13 juin prochain, des dispositions de la loi encadrant la vente en ligne.
M. Pérodeau a confirmé que ce règlement s’appliquera à tous les sites Web transactionnels et se veut équitable pour tous les acteurs de l’industrie. L’idée maîtresse réside dans le fait que les cabinets et les assureurs soient tenus aux mêmes obligations que le représentant lorsqu’ils offrent un produit sans l’intermédiaire de celui-ci. L’objectif : protéger le public, peu importe le moyen qu’il utilise pour se procurer un produit d’assurance.
Le Surintendant a aussi brièvement parlé des changements législatifs qui entreront en vigueur le 13 décembre 2019 quant à la définition du courtage. Le nouvel article 38 de la Loi sur la distribution de produits et services financiers obligera le courtier à démontrer, en assurance des particuliers, qu’il est « en mesure d’obtenir des soumissions d’au moins trois assureurs qui ne font pas partie du même groupe financier ». M. Pérodeau a mentionné qu’une entente avec une bannière de courtage qui a des ententes de distribution pourrait répondre à cette obligation. Selon la loi, l’Autorité a le pouvoir réglementaire d’identifier les catégories de produits prévues par les ententes de distribution. « La réflexion se poursuit, a précisé M. Pérodeau, mais le scénario le plus prévalent envisagé serait de viser les produits standards, telle l’assurance auto et habitation, sous toute réserve. »
De pénurie de main-d’œuvre à pénurie de compétences
Un panel diversifié et compétent est venu parler de la pénurie de la main-d’œuvre, de l’évolution des besoins en ressources humaines et de l’image de l’industrie. Anne-Marie Poitras, présidente-directrice générale de la Chambre de l’assurance de dommages (ChAD), a animé cette conférence en plus de dévoiler les résultats d’un sondage réalisé par le Journal de l’assurance.
Benoit Desgroseillers, directeur principal au sein de la grappe industrielle Finance Montréal, a présenté, à travers deux avatars, le profil du professionnel de demain. Il a aussi collaboré avec la Coalition pour la promotion des professions en assurance de dommages à leur récente étude sur les compétences du futur. Quatre principales tendances auront un impact sur l’industrie et la main-d’œuvre, notamment l’automatisation des demandes non complexes, les changements majeurs du comportement des consommateurs, les assurtechs et les nouveaux produits d’assurance liés aux technologies. Le rôle du professionnel sera sans aucun doute appelé à évoluer. D’ailleurs, le temps qu’un employé dédie à la formation et au développement professionnel devrait doubler d’ici 2025.
Pour sa part, Julie Saucier, directrice générale de l’Institut d’assurance du Québec, a affirmé que les connaissances pourront certes être transférées à la machine, mais pas les compétences. Force est donc de constater que le rôle de conseiller demeurera. Pour éviter une pénurie de compétences, Mme Saucier a notamment recommandé de former davantage les gestionnaires et d’avoir un plan de relève en main.
Catherine Légaré a conclu cette conférence en présentant une plateforme numérique intuitive – Elo – qui facilite le mentorat et le réseautage pour les professionnels. Elle a aussi parlé, à titre de présidente-fondatrice d’Academos, de l’application Academos qui a permis à plus de 100 000 jeunes en quête d’une carrière d’être connectés à des cybermentors passionnés. Des outils concrets qui aident non seulement à recruter, mais à retenir la relève.
Enfin, les résultats du sondage du Journal de l’assurance démontrent que si 60 % des gens sont arrivés par hasard dans l’industrie, une fois qu’ils y sont, ils décrivent très positivement leur profession. D’ailleurs, 84 % des professionnels recommanderaient de travailler dans l’industrie; un pas dans la bonne direction pour mitiger l’enjeu de la main-d’œuvre.
La ChAD est fière de collaborer, depuis sa première édition, à cet événement majeur où se côtoient tous les professionnels de l’industrie afin de mieux saisir les défis qui nous touchent.